Il faisait noir. L'aube etait encore a 6 ou 7 heures devant. Je me hatais de franchir la ligne Magineot et, tapant du pied comme a l'accoutumee je m'avancais, sans peur. Mes poches pleines de cafe je marchais au son des hulottes et des grand-ducs, des chouettes a pipettes et des petits ducs a la voix aigue. Le priore est en face, derriere sont les camps de concentration. La, completement affame je m'arretais. Je cueillis une figue et une grape de raisin. Elles etaient bien mures...la vie me donnait ce que je cherchais. Dieu, tapis dans un fouret, entre les branches de genets, observait les passants et prenait des decisions a l'emporte-piece. Conscient de Sa presence je marchais le plus normalement possibe, sans taper du pied cette fois mais les mains dans les poches, une cigarette au bec. Il faisait froid...les oiseaux de malheur entonnaient leurs chants morne a l'horizon. Moi, fatigue, assis dans une mare assechee, je decidais de passer la nuit dans cette boue. Mes vetements a peine salis, je m'endormis en embrassant Morphee et Gel-Zibuth, astralement, bien entendu. Je fis de doux reves cette nuit la, Dieu les insuflait dans mes narines avecque sa sarbacane, depuis le buisson de genets.
Au matin, les yeux encore colles, sentant le hic, j'avancais ma main vers l'endroit ou j'avais empile mes sacs, ma guitare et mon Guide du Routard. Bam! Tout avait disparu. Je blamais les tontons macouttes et leurs zombie, armees de la nuit.
Il faisait beau ce matin la. J'etais content de ne plus avoir a les transporter, a part ma guitare qui elle me manquait vraiment. Je fis un petit tas de boue humide et y plantai des aiguilles que les pillards, bizaremment, avaient laisse tomber de la poche de mon sac a dos. Je jurai que l'on ne m'y reprendrai plus. Les ions et autres particules magnetiques s'envollerent entre mes doigts vers les voleurs. Dieu sortit sa tete couronnee de derriere un gros mimosa. Je regardais la rose qui y poussait. Solitaire et les mains faites de glaise je remerciais Dieu pour cette perte. Gel-Zibuth rougit. Je savais qu'il avait averti les pillards et les avaient aides a transporter leur butin. Craquant une allumette contre ma semelle j'allumais une bougie, plantee a quelques metres de la comme par hasard. J'insufflais, expirais et repris ma route vers Eg-Meieul. Le chant des sirenes m'accompagnait, un petit rouge gorge aussi. Je suis sur la route entre Sainte Luce et Eg-Meieul. Si vous voyez quelqu'un avec mon gros sac bleu et ma guitare tenez moi au courant. Je suis devant.